Albé de hier… :
Albé a probablement été fondé vers l’an mil. C’est à la même époque que WERHNER, Comte de l’Ortenbourg fonda l’Abbaye de Honcourt. C’est sous le nom d’ERLEBACH que le village apparaît pour la première fois en l’an 1303 faisant partie de la Seigneurie et de la Paroisse de WILLER.
Vers 1340, la communauté d’Erlebach était suffisamment prospère pour que l’Evêque de Strasbourg BERTHOLD permit l’édification d’une chapelle, sollicitée par le père abbé DIETHER de HONCOURT. L’abbé fit construire l’édifice et le dédia à St-Wendelin (protecteur du bétail).
Durant la guerre des paysans, les habitants d’Albé participèrent au saccage de l’Abbaye du Honcourt (1525) et furent condamnés pour ce fait en 1527 par le tribunal d’Ensisheim à payer une amende pour dédommager le couvent (600 florins pour les réparations urgentes plus une indemnité annuelle).
En 1575, le village fut partiellement détruit par un incendie qui éclata le soir de la Pentecôte ; 42 maisons, la chapelle, la mairie ainsi que les archives communales y périrent.
On profita de cette situation pour rédiger dès le 8 novembre de la même année un nouveau règlement communal où furent consignés les droits, coutumes et propriétés foncières de la communauté ; il s’agit du Dorfbrief ou Terrier déposé aux Archives Départementales du Bas-Rhin).
La chapelle fut reconstruite dès 1578, la maison pour la collecte de la dîme en 1581 (N° 1 rue de la Fontaine) et la maison communale en 1618 (actuelle mairie).
Jusqu’en 1648, Albé comme toute l’Alsace dépendait de l’Empire germanique et était incorporé dans la seigneurie « Ortenberg-Weilerthal » dont le plus illustre représentant fue « Werhner d’Ortenberg » descendant probable du duc Adalric (Attic ou Etichon) père de Sainte-Odile, de la lignée des ducs d’Alsace.
Albé fit donc partie des possessions des Habsbourg depuis le 13ème siècle et fut successivement livré à divers créancier tels que les Reichenberg, les Müllenheim, les Rathsamhausen….
Par le traité de Westphalie (1648) qui mit fin à la guerre de trente ans, l’Alsace devint française (hormis Strasbourg qui le devint en 1681). La famille Choiseul Meuse fut propriétaire de la vallée jusqu’à la Révolution.
Le XVIIIème siècle apporta enfin la paix et la prospérité dans la vallée. L’église actuelle fut érigée en 1752.
En 1755 un désastre d’une autre origine dévastait la commune sous forme de pluie torrentielle qui emporta toute la terre arable des champs et vignes en forte pente.
La Révolution de 1789 ne semble pas avoir eu un impact particulier à Albé, de cette époque nous conservons l’arbre de la Liberté planté en 1795 (Place du Tilleul)
La prospérité d’Albé étant établie, la commune obtint d’abord en 1802 un vicaire à temps complet, puis fut paroisse autonome d’où la construction d’un presbytère en 1804 avec curé desservant.
Au XIXème siècle, Albé a connu un maximum démographique en 1836, la population totale était de 1027 habitants. Ce chiffre élevé, est certainement à mettre en liaison avec la richesse du vignoble local. Puis la population ne cesse de décroître pour atteindre en 1936 à peine plus de 500 habitants et depuis 1962 nous sommes sous la barre des 500 habitants.
Une transformation, certainement critiquée et non sans raison, fut celle de la maison commune en école de filles en 1860, la mairie s’installant alors dans un pavillon d’une architecture peu commune pour notre village, terminé en 1878 (actuel Musée). La maison communale fut reconstruite dans sa forme actuelle en 1618 comme l’attestent deux inscriptions figurant l’une sur le mur-pignon sud et l’autre sur une poutre de la salle du conseil municipal. Le rez-de-chaussée du bâtiment présente la forme d’une halle (une Laube) destinée jadis aux réunions des habitants. La Laube fut convertie en école et conserva cette fonction, même après la construction d’une école des garçons en 1869, jusqu’en 1972, date à laquelle la maire réintégrera ses locaux légitimes.
Etant de tout temps un village viticole, Albé a souffert du phylloxéra vers la fin du 19ème siècle. Le village n’a jamais possédé d’établissement industriel, son économie ayant toujours été basée sur la viticulture. Les habitants d’Albé ont fabriqué et commercialisé de grandes quantités d’échalas de vigne en châtaignier vendus dans le vignoble de Moyenne-Alsace. La présence de la vigne et des versants favorables à l’arboriculture ont favorisé le développement de la distillation d’abord familiale puis commerciale (la distillerie Meyblum et la distillerie Adrian, qui produisait également du vin, ont contribué au développement de la viticulture).
Aujourd’hui, Albé reste la seule commune de la vallée à produire du vin d’Alsace A.O.C.. Le cépage Pinot Noir semble particulièrement réussir sur les coteaux schisteux mais actuellement la production de raisin est majoritairement destinée à la fabrication du crémant d’Alsace.
Autre richesse de la commune: la forêt.
Elle occupe plus de 70 % du territoire communal d’Albé dont le ban fait 1083 hectares y compris l’Ungersberg (forêt domaniale) qui culmine à près de 900 m d’altitude. Le sapin, le hêtre et le châtaignier sont les essences principales.